lâcheté

lâcheté [ laʃte ] n. f.

• laschetéXII^e; de lâche

1 ♦ Vieilli ou littér. Manque d'énergie, de fermeté, qui fait reculer devant l'effort et subir passivement les influences extérieures. ⇒ faiblesse, mollesse , pusillanimité, veulerie. « Il s'était senti envahi d'une grande lâcheté de tout l'être, d'un besoin de se laisser vivre » (Courteline). Lâcheté devant l'effort. ⇒ paresse.

2 ♦ Cour. Manque de bravoure, de courage devant le danger. ⇒ couardise, pleutrerie, poltronnerie. Fuir avec lâcheté.

♢ Manque de courage moral, de franchise, de dignité, qui porte à l'hypocrisie, à la fausseté, à profiter de l'impunité. ⇒ bassesse, vilenie. La lâcheté d'une attitude, d'une réponse. Lâcheté et hypocrisie.

3 ♦ Une, des lâchetés : action, manière d'agir d'un lâche. ⇒ bassesse, indignité, trahison, vilenie. « Est-ce que vous trouvez que c'est une lâcheté, de se tuer ? » (Montherlant). Être capable des pires lâchetés.

⊗ CONTR. Ardeur, énergie. Bravoure, courage. Dignité, générosité, loyauté.

● lâcheté nom féminin Manque de courage, d'énergie morale, de fermeté : Se taire par lâcheté devant une injustice. Manque de courage devant le danger : Fuir par lâcheté devant l'ennemi. Disposition d'esprit qui pousse à nuire à quelqu'un qui ne peut se défendre ; action indigne : C'est une lâcheté que de trahir un ami. ● lâcheté (citations) nom féminin Jean-Louis Guez de Balzac Angoulême 1595-Angoulême 1654 Académie française, 1634 Il y a eu de la lâcheté partout où il y a eu de la tyrannie. Le Prince Robert Brasillach Perpignan 1909-Montrouge 1945 Tout est bon pour la défense, excepté la lâcheté. Journal d'un homme occupé Les Sept Couleurs Louis Ferdinand Destouches, dit Louis-Ferdinand Céline Courbevoie 1894-Meudon 1961 Tous les lâches sont romanesques et romantiques, ils s'inventent des vies à reculons, pleines d'éclats, Campéador d'escaliers ! Féerie pour une autre fois Gallimard Eugène Delacroix Saint-Maurice, Val-de-Marne, 1798-Paris 1863 La peinture lâche est la peinture d'un lâche. Journal, 22 décembre 1823 Valery Larbaud Vichy 1881-Vichy 1957 Le Devoir, c'était le nom que la bourgeoisie avait donné à sa lâcheté morale. A. O. Barnabooth, Journal intime Gallimard André Malraux Paris 1901-Créteil 1976 Ce n'est pas par obéissance qu'on se fait tuer. Ni qu'on tue. Sauf les lâches. La Condition humaine Gallimard Marcel Proust Paris 1871-Paris 1922 […] La lâcheté ne sait pas profiter des leçons que la générosité lui donne. Jean Santeuil Gallimard Euripide Salamine 480-Pella, Macédoine, 406 avant J.-C. L'homme supérieur est celui qui reste toujours fidèle à l'espérance ; ne point persévérer est d'un lâche. Héraclès, 105-106 (traduction Grégoire-Parmentier) Vittorio Alfieri Asti 1749-Florence 1803 De la peur de tous naît, sous la tyrannie, la lâcheté du plus grand nombre. Dalla paura di tutti nasce nella tirannide la viltà dei più. Della tirannide, I, 4 ● lâcheté (synonymes) nom féminin Manque de courage, d'énergie morale, de fermeté

Synonymes :

- abdication

- démission

- faiblesse

- inertie

- mollesse

- veulerie

Contraires :

- courage

Manque de courage devant le danger

Synonymes :

- couardise

- poltronnerie

Contraires :

- bravoure

Disposition d'esprit qui pousse à nuire à quelqu'un qui ne...

Synonymes :

- abjection

- bassesse

- ignominie

- platitude

- vilenie

lâcheté

n. f.

d1./d Manque de courage; poltronnerie.

d2./d Action lâche. Se rendre coupable de lâchetés répétées.

⇒LÂCHETÉ, subst. fém.

A. — Manque d'énergie ou de vigueur morale (d'une personne et p. méton. de son comportement) qui témoigne d'une abdication devant l'effort; p. méton. manifestation de cette attitude. Synon. mollesse, paresse; anton. détermination. Lâcheté dans le travail. Sa lâcheté molle de méridional le faisait flotter à demi inconscient, au gré des choses sans prévoir, ni réfléchir (PÉLADAN, Vice supr. 1884, p. 134). J'ai gardé, je crois, de mon enfance puritaine la haine de tout abandon par faiblesse; je le nomme aussitôt lâcheté (GIDE, Immor., 1902, p. 378) :

• 1. Lucien avait déjà commencé son apprentissage des petites lâchetés par lesquelles l'amant d'une femme mariée achète son bonheur, et qui donnent aux femmes la mesure de ce qu'elles peuvent exiger...

BALZAC, Illus. perdues, 1837, p. 80.

B. — Manque de bravoure, de courage, notamment devant le danger (d'une personne et p. méton. de son comportement); p. méton. manifestation de cette attitude. Synon. couardise, poltronnerie. Fuir par lâcheté :

• 2. Pas la peur brève, (...) le frémissement de la chair, le réflexe indomptable; mais la peur installée, l'état de peur, le refus délibéré de mourir, de risquer, de seulement faire face, la fuite devant demain, (...) la peur sous forme de lâcheté.

MONTHERL., Songe, 1922, p. 167.

C. — Manque de courage moral, de dignité, de loyauté (d'une personne et p. méton. de son comportement) qui porte à des actions basses, viles ou cruelles (notamment à l'égard d'un plus faible); p. méton. manifestation de cette attitude. Synon. bassesse, veulerie; anton. dignité. Ne point défendre ses amis absents est une lâcheté (Ac. 1935). Votre conscience et la voix du cœur vous diront la limite où commence la lâcheté des flatteries, où finit la grâce de la conversation (BALZAC, Lys, 1836, p. 162). Seule, l'action au service de la haine n'est ni mensonge, ni lâcheté, ni faiblesse (MALRAUX, Conquér., 1928, p. 105) :

• 3. ... l'incapacité des majorités à se gouverner elles-mêmes, leur vénalité, leur veulerie, leur basse et peureuse aversion de toute supériorité, leur lâcheté oppressive soulevaient la révolte...

ROLLAND, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1267.

Prononc. et Orth. : [], [la-]. Ac. 1694-1718 lascheté, ensuite lâcheté. Étymol. et Hist. 1. Ca 1135 « manque de courage » (Couronnement de Louis, 1573 ds T.-L.); 2. id. « action lâche » (ibid., 788, ibid.); 3. 1370 « faiblesse, manque d'énergie, de fermeté » (N. ORESME, Ethiques, éd. A. D. Menut, VII, 13, p. 390 : lacheté de courage) Dér. de lâche; suff. -eté. Fréq. abs. littér. : 1 329. Fréq. rel. littér. : XIX^e s. : a) 1 340, b) 2 270; XX^e s. : a) 2 551, b) 1 757.

lâcheté [lɑʃte] n. f.

ÉTYM. XVI^e; lascheté, v. 1131, au sens 2; de lâche, et -té.

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1 (1370). Vieilli ou littér. Manque d'énergie, de fermeté, de vigueur morale qui fait reculer devant l'effort et subir passivement les influences extérieures. ⇒ Faiblesse, pusillanimité, veulerie. || S'abandonner par lâcheté à la paresse, à l'indolence. ⇒ Mollesse. || Lâcheté devant l'effort. ⇒ Paresse. || Céder par lâcheté à tous les caprices de qqn. — Par ext. || La lâcheté de son attitude.

1 (…) cette lâcheté molle et timide qui empêche, ou de voir la Vérité ou de la suivre (…)

Pascal, Fragment d'une 19^e Provinciale.

2 Il n'y a point de vertu sans force, et le chemin du vice est la lâcheté.

Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, V, I.

3 C'est par lâcheté et non par manque de lumière que nous ne lisons pas dans notre cœur (…)

Stendhal, Armance, V.

4 Il y a une certaine lâcheté, ou plutôt une certaine mollesse chez les honnêtes gens.

Baudelaire, Journaux intimes, Mon cœur mis à nu, XI.

5 Il s'était senti envahi d'une grande lâcheté de tout l'être, d'un besoin de se laisser vivre, tranquillement, sans une pensée, tombé à une mollesse alanguie et bienheureuse de convalescent.

Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 1^er tableau, I.

2 Cour. Manque de bravoure, de courage devant le danger. ⇒ Couardise, pleutrerie, poltronnerie. || Troupes qui doivent leur défaite à leur lâcheté. || Fuir avec lâcheté. || Avouer (cit. 27) sa lâcheté.

6 (…) la lâcheté est contraire au courage, comme la peur (…) à la hardiesse.

Descartes, les Passions de l'âme, II, 59.

♦ Manque de courage moral, de franchise, de loyauté, de dignité, qui porte à profiter de l'impunité. ⇒ Bassesse, vilenie. || Tout ce qu'il y a de bassesse et de lâcheté au fond du cœur humain (→ Financier, cit. 2). || Il y a de la lâcheté dans cette imposture (cit. 5). || Lâcheté et hypocrisie.

7 (Lui) qui avait tant de raisons de se reconnaître dans ce tableau de la conscience professionnelle, approuvait cependant avec lâcheté.

J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, VI, p. 62.

♦ Par anal. Manque de cœur, de générosité, d'humanité, envers ceux que l'on peut impunément maltraiter, bafouer…

8 (…) depuis trois ans, il l'avait soigneusement évitée, par suite de cette lâcheté naturelle qui caractérise le sexe fort (…)

Flaubert, M^me Bovary, III, VIII.

♦ Par ext. || La lâcheté de sa conduite.

3 (Une, des lâchetés). Action, manière d'agir d'un lâche. ⇒ Bassesse, indignité, trahison, vilenie. || Abandonner son parti est une lâcheté. || Cette défection, cette dérobade est une lâcheté. || Commettre des lâchetés (→ Embûche, cit. 2). — Être capable des pires lâchetés. || Battre un ennemi à terre, s'acharner sur les vaincus est une lâcheté.

9 C'est une lâcheté (…)

De battre un ennemi qui ne peut se défendre.

J. Mairet, la Mort d'Asdrubal, I, 3.

10 Votre empire et le mien seraient trop achetés,

S'ils coûtaient à Porus les moindres lâchetés.

Racine, Alexandre, I, 2.

11 (Votre femme) Est par vos lâchetés souveraine sur vous.

Son pouvoir n'est fondé que sur votre faiblesse.

Molière, les Femmes savantes, II, 9.

12 Trop souvent l'histoire des faiblesses des femmes est aussi l'histoire des lâchetés des hommes.

Hugo, Post-Scriptum de ma vie, Tas de pierres, VI.

13 Est-ce que vous trouvez que c'est une lâcheté, de se tuer ?

Montherlant, Pitié pour les femmes, p. 200.

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CONTR. Ardeur, énergie, force. — Audace, bravoure, courage, hardiesse, héroïsme, intrépidité, vaillance. — Dignité, générosité, loyauté.

Encyclopédie Universelle. 2012.